Le Parlement a approuvé cette nuit une réforme drastique de la loi de 1996 sur l’évolution des salaires. Le but initial de cette loi était de limiter l’évolution des salaires belges en fonction de l’évolution des salaires dans les pays voisins. Conformément aux normes de l’Organisation Internationale du Travail relatives à la liberté de mener des négociations collectives, nous nous sommes toujours opposés à ce cadre. Les salaires doivent toujours pouvoir évoluer en fonction de l’augmentation de la productivité.
Le gouvernement Michel franchit aujourd’hui un palier supplémentaire. Et pourtant, fin 2016, la différence de coût salarial avec les pays voisins avait été entièrement éliminée. Avec la réforme de la loi de 1996, il sera à l’avenir encore plus difficile d’obtenir des augmentations de salaire réelles pour les travailleurs.
Le gouvernement agite toutes sortes de marges de correction et de sécurité pour réduire la norme salariale. La loi a été faite sur mesure pour les employeurs. Ainsi, des réductions de cotisations ONSS de l’ordre d’1 milliard – reçues par les employeurs dans le cadre du tax shift – ne sont pas considérées comme une mesure de réduction du coût salarial. La comparaison du coût salarial avec les pays voisins se voit ainsi faussée. De plus, aucun effort en matière d’emploi n’est demandé aux employeurs en échange de ces réductions de cotisations.
Le gouvernement modifie également l’esprit de la loi : nos salaires ne doivent plus « évoluer » de la même façon que dans les pays voisins, mais être ramenés au même niveau. C’est absurde. Les salaires belges sont plus élevés par ce que notre productivité est également plus élevée. Ce que le gouvernement cherche à faire, s’apparente donc à du dumping salarial pur et simple.
La marge salariale de 1,1% dont nous avions récemment convenu dans le cadre des négociations interprofessionnelles, n’est absolument pas une préfiguration d’accords à venir. Les marges risquent d’être moins élevées à l’avenir et les travailleurs recevront donc une part toujours plus maigre du gâteau. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si – selon les derniers calculs de l’OCDE – la part des salaires dans le secteur privé belge a baissé de 4 % depuis 1996. Une baisse de la part des salaires indique un déséquilibre entre, d’une part, la rémunération du capital (employeurs et actionnaires) et, d’autre part, la rémunération du travail (travailleurs). L’effet d’une baisse de la part des salaires n’est pas négligeable. Une étude néerlandaise démontre en effet qu’une baisse de la part des salaires de l’ordre de 1 % entraîne un ralentissement de la croissance économique d’environ 0,25 %.
Avec la réforme de la loi de 1996, le gouvernement Michel freine l’évolution du pouvoir d’achat et, ce faisant, également la croissance économique potentielle. Une croissance qui s’avère nécessaire pour des emplois durables et une sécurité sociale stable.
Communiqué de presse de la FGTB du 10 mars 2017