Nous avons tous assisté au lamentable spectacle donné par le cdH et consorts à la Région wallonne et dans les autres entités fédérées. Il convient cependant de dépasser le dégoût de cette politique de bas étages et, en prenant une hauteur qui semble avoir fait défaut à plus d’un responsable politique, tirer quelques enseignements de cette situation.

Premièrement et afin de faire taire certaines mauvaises langues, notre colère ne résulte pas de voir le PS relégué dans l’opposition. Si ce retour avait été causé par une défaite électorale, il n’y aurait rien eu à dire et, à maints égards, il aurait été compréhensible.

Mais, dans le cas présent, nous sommes loin du compte.

Car il ne faut pas être dupe, ce n’est pas la « bonne gouvernance » qui est à l’origine de cette mutinerie, tout au plus n’est-elle qu’un prétexte. Non, les raisons sont plus prosaïques, plus terre à terre. En effet, les derniers sondages créditaient le cdH d’à peine plus de 8 % des intentions de vote. Cette chute libre ne devait pas être du goût de nombreux ténors de l’ex-PSC, parti qui, des décennies durant, a été le moteur de la politique belge. Il fallait donc, coûte que coûte, replacer ce parti sur l’échiquier politique. C’est chose faite avec cette alliance avec le MR.

Vu sous cet angle, le chevalier blanc est bien terne.

Mais cette nouvelle « majorité » est bien fragile, elle devra, bien souvent, compter sur l’absence des membres de l’opposition et, pire encore, sur l’appoint de l’extrême-droite. Il est vrai que sur ce dernier point, le cdH pourra allègrement profiter de l’expérience fédérale du MR.

Car ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que cette crise politique s’inscrit dans un cadre plus large et ce remaniement aura des conséquences importantes sur le niveau fédéral.

En effet, les entités fédérées frappées par la crise politique pouvaient être (étaient) un contre-pouvoir par rapport à ce gouvernement de droite extrême. Les exemples de la Région wallonne s’opposant au CETA ou, plus récemment la sonnette d’alarme tirée par la Région de Bruxelles-Capitale contre les réformes des pensions du ministre Bacquelaine en sont les exemples. On voit, de suite, l’intérêt du MR à « entrer » dans des majorités au niveau des entités fédérées.

À plus long terme, par son comportement, le cdH entend rompre avec son étiquette de « partenaire à vie PS » qui lui colle au dos et qui est souvent agitée par le président de la N-VA. Le cdH s’offre ainsi une option pour pouvoir collaborer avec les nationalistes flamands au sein d’une future majorité fédérale. Si tel devait être le cas, le « H » de cdH deviendrait bien lourd à justifier et franchement déplacé.

Bref, ce qui s’est passé en Wallonie n’est pas anodin, ce n’est pas une farce. Nous avons été les témoins d’un comportement politique méprisable et médiocre. Une instrumentalisation de la démocratie (par ceux-là même qui s’en réclament) pour de basses raisons à mille lieues de l’intérêt collectif et des besoins des citoyens.

Mais, malgré le dégoût qu’inspirent de telles pratiques, nous allons éviter de sombrer dans les travers que nous contestons chez d’autres.

La Démocratie n’est pas un jeu, elle suppose une grandeur de caractère que nous nous efforçons de cultiver. Loin de sombrer dans le fatalisme et la médiocrité, nous allons, dès à présent, rappeler que les organisations syndicales indépendantes sont des acteurs indispensables de la Démocratie et, à ce titre, nous serons, face à ce Gouvernement comme face à tous les autres, un contre-pouvoir réel et intransigeant. Nous serons attentifs et ne laisserons rien passer !

Patrick Lebrun
Secrétaire général IRW-CGSP

Laurent Pirnay
Secrétaire général-adjoint IRW-CGSP