Michel Anciaux est entré à la SNCB en 1982.  Aujourd’hui, il est technicien mécanicien aux ateliers de Salzinnes, à Namur où il est aussi délégué syndical :

“Nous sommes plus de 700 travailleurs à Salzinnes”, explique-t-il.  “Ici, différents métiers se côtoient : mécaniciens, carrossiers, techniciens … avec une certaine pénibilité pour beaucoup.  Aujourd’hui face à ce projet de réforme des pensions, tous expriment de la crainte, mais aussi de la colère.”

“Pour les cheminots, c’était écrit qu’ils partiraient à la pension à 60 ans.  Avec cette réforme, plus personne ne pourra partir avant 63 ans, avec 42 ans de carrière.  Et pour avoir une pension complète, il faudra totaliser 45 ans de carrière !  Autrement dit, pour le personnel roulant, cela représente 9 ans de plus à travailler, pour obtenir une pension équivalente !   Aujourd’hui un conducteur de train peut prétendre à une pension complète à partir de 55 ans et 36 ans de carrière. Demain, il devra travailler jusqu’à 65 ans (s’il a commencé à 20 ans) – alors ok, à 65 ans, on n’est pas mort.  Mais conduire un train, c’est une sacrée responsabilité.  C’est éprouvant et stressant.  Le faire jusqu’à 65 ans ou plus, c’est loin d’être évident”

La pénibilité : pour qui ?   Pour quoi ? 

“D’accord, le ministre parle de la pénibilité de certains métiers.  Mais on ne sait pas qui elle va toucher …  Et puis, elle permettra d’anticiper le départ à la pension, mais en gagnant moins.  Et qu’en est-il du personnel administratif ?   Pour lui, pas de pénibilité.  Or aujourd’hui, il bénéficie du même régime que les autres.  Bref, la crainte à la SNCB, c’est que avec cette réforme, plus personne ne pourra partir avant 65 ans ! “

Pas de cheminots à la manif

On le voit, les cheminots ont toutes les raisons de se mobiliser contre cette réforme des pensions.  Pourtant, il ne sont pas dans le cortège des manifestants.  “Le personnel roulant ne peut pas se mettre en grève pour participer à la manifestation”, explique Michel Anciaux, “pour la bonne et simple raison qu’ils seront à leur poste pour conduire les manifestants à Bruxelles.  Pour ne pas faire 2 poids, 2 mesures, on a donc fait le choix de ne pas déposer de préavis de grève et tout le personnel SNCB, roulant ou pas, sera au travail ce jour là”. 

8 trains supplémentaires seront en effet en service pour conduire les manifestants à Bruxelles. Une autre manière de se mobiliser !