➡️ En cette période de confinement, les agents des Services Publics ne ménagent pas leurs efforts pour vous aider à continuer à vivre le plus normalement possible. L’IRW CGSP a décidé de leur donner la parole, ils nous parlent de leur quotidien au travail.

 Le coronavirus en prison, c’est un confinement dans le confinement. Les détenus sortent moins de leur cellule, ils n’ont plus d’activité, ni sport, ni visite, il ne reste que le préau. Il y a moins de mouvement, mais plus de tension. La surpopulation carcérale et le sous-effectif du personnel créent une insécurité permanente. Au risque d’agression s’ajoute maintenant le risque d’infection. Ce travail était déjà pénible, il est devenu malsain.

 Un agent de surveillance pénitentiaire passe sa journée à ouvrir et fermer des dizaines de portes, et donc à toucher leurs poignées. On se lave les mains dès qu’on peut, mais le faire à chaque fois, c’est impossible. Des centaines de détenus vont au préau tous les jours. Garder la distanciation sociale avec eux, alors qu’on doit les contrôler avec un détecteur de métal manuel, c’est impossible.

 On nous rappelle constamment les règles d’hygiène, mais elles sont impossibles à appliquer sur le terrain.
Pendant 2 semaines, après le début du confinement, nous avons travaillé sans masque, car selon l’autorité, ils étaient inutiles. Le jour où les masques sont arrivés, ils sont devenus indispensables et obligatoires, sous peine de procédure disciplinaire… Sauf que nous réclamions de vrais masques de protection. Tout ce que nous avons, ce sont des masques fabriqués en interne par des détenus et des membres du personnel volontaires, avec des vieilles chemises que des agents ont bien voulu donner (alors que ça fait des années que nous ne sommes pas fournis correctement au niveau de la masse d’habillement). Ces masques en tissu ne constituent pas une véritable protection contre les virus (les fibres sont beaucoup trop grandes), ne répondent à aucune norme, et aucun test n’a été effectué.

 Pour moi c’est de la poudre aux yeux, pouvant avoir un effet pervers, car certaines personnes se pensent protégées, alors que ce n’est pas le cas.

 Nous travaillons en sous-effectif depuis 2016, et la crise actuelle n’arrange pas la situation. Nous savons que nous devons aller travailler, nous ne demandons pas grand-chose (comme lors de toutes les grèves qui n’avaient pour but que de garder nos acquis, dont le gouvernement nous dépouille) : un cadre du personnel complet et de vrais moyens de protection seraient le minimum.

Rudy, agent de surveillance pénitentiaire d’Ittre 💪👮‍♂️❤️👍

#neloublionspas